vendredi 1 octobre 2010

La procureure échoue face aux "trafiquants de la Préfecture"

La file d'attente pour étrangers devant la préfecture de Bobigny est si longue qu'un trafic de places s'y est développé. La procureure tente d'y mettre fin, mais les magistrats du siège jugent qu'il n'y a pas matière à condamnation.
Six relaxes au terme d'une audience éclair. Six revendeurs de places de file d'attente ont été jugés ce 30 septembre, en comparution immédiate, devant le tribunal correctionnel de Bobigny. Après deux jours de gardes à vue. Pour avoir monnayé leur place, entre 10 et 50 euros, dans l'interminable file d'attente pour étrangers devant la préfecture de Seine-Saint-Denis. Une file d'attente où se pressent 1500 hommes et femmes chaque jour, le plus souvent pour le renouvellement de leur carte de séjour. Ces revendeurs se postent en général dès la veille devant le bâtiment.
Ce petit commerce est-il illégal? Pas vraiment, puisque les juges n'ont pas retenu la qualification surprenante d'extorsion de fonds. La peine encourue est en effet de 7 à 10 ans de prison et de 100 à 150 000 euros d'amende. Le parquet de Bobigny n'a manifestement pas été convaincu par les juges du siège qui, en juin, en août et en septembre, ont déjà jugé trois affaires similaires. Avec pour résultats, deux relaxes et une amende de 100 euros avec sursis.


Le parquet de Bobigny indique que l'extorsion de fonds est la seule qualification possible, puisque les enquêteurs ont observé qu'il s'agit d'une bande organisée de rabatteurs qui exploite la vulnérabilité d'une population ayant besoin d'un titre de séjour. "Le fait que le tribunal a condamné une fois prouve que notre analyse n'est pas absurde", indique-t-on au parquet. Parquet qui a fait appel pour chaque relaxe.


Plusieurs magistrats de Bobigny ne cachent pas leur agacement. Une irritation parvenue aux oreilles d'un des deux principaux syndicats de la profession. "C'est une répression absurde et inefficace, s'indigue Benoist Hurel, secrétaire général adjoint du Syndicat de la magistrature. Au lieu de s'attaquer aux revendeurs de places, mieux vaudrait prendre des mesures efficaces pour éliminer cette file d'attente indigne. Les magistrats ont mieux à faire que de pallier les carences des préfets."
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/la-procureure-echoue-face-aux-trafiquants-de-la-prefecture_923962.html

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