samedi 2 mars 2013

Anthony McCall sculpte la lumière aux Abattoirs

Vivant à New York depuis les années 70, l'artiste anglais présente six œuvres au musée d'art contemporain toulousain. Un travail sur la lumière et l'espace où le corps du visiteur fait partie du dispositif, toujours mouvant, toujours fascinant.
Pour exposer Anthony McCall aux Abattoirs, son directeur, Olivier Michelon, a eu une idée originale : faire entrer le public (pas plus de 150 personnes à la fois) par l'issue de secours, située tout au fond du musée, près du restaurant. Après le béton de la descente, on se retrouve dans un autre monde, obscur et mystérieux, vaste espace traversé par la lumière de trois projecteurs disposés au plafond. Le procédé est simple, ici comme dans les autres salles : des «dessins» sont tracés sur le sol (ou sur les murs) en même temps que des volumes prennent forme dans un halo de brouillard artificiel. Une idée mise en œuvre dès les années 70, du temps du film argentique.

Des lofts aux musées

«J'ai réalisé mes premiers travaux dans des lofts new-yorkais, explique Anthony McCall, un homme fin au maintien tout british. C'était de vieux bâtiments pleins de poussière, ce qui me convenait parfaitement pour donner du relief à la lumière. Le gros problème a été de poursuivre dans des musées. Tout était trop propre, j'ai dû arrêter. J'étais devenu un artiste invisible.» Jusqu'aux années 1990, Anthony McCall met son œuvre en sommeil, travaillant essentiellement comme graphiste. «Des machines à brouillard ont enfin été inventées. Et la vidéo numérique s'est révélée très intéressante à utiliser. J'ai vite trouvé les ordinateurs plus proches de mes mains. Comme un crayon et une feuille de papier, avec la possibilité d'effacer jusqu'à être totalement satisfait.»
A 40 ans de distance, Anthony McCall, trouve une «grande continuité» dans son travail, quels que soient les moyens techniques utilisés. «Le lien est très proche, avec cette volonté inchangée de produire des œuvres qui n'existent qu'au moment présent, quand on y est confronté. Mais les changements sont significatifs. Aujourd'hui, je suis intéressé par la représentation du corps et par la mort. J'ai vieilli.»
On lui parle de lumière divine, de rayons spirituels qui traversent les ténèbres. Anthony McCall rigole : «Je n'y ai pas mis cette intention. Mais si vous voyez cela, pourquoi pas ? Chacun apporte ce qu'il veut dans mes œuvres.»
Exposition Anthony McCall, «Solid light works», jusqu'au 5 mai au musée des Abattoirs (76, allées Charles-de-Fitte), Toulouse. Tél. 05 34 51 10 60 (www.lesbattoirs.org). Tarifs : 4 € et 6€. Du mercredi au vendredi de 10h à 18h, samedi et dimanche de 11h à 19h.

http://www.ladepeche.fr/article/2013/02/21/1565675-anthony-mccall-sculpte-la-lumiere-aux-abattoirs.html