jeudi 30 septembre 2010

Cour d'assises Zola au pays de la chair triste

KARL Marx n'avait pas prévu cela, l'emprise du sexe dans les classes laborieuses… La révolte des exploités, on connaissait ! Mais pas les bas-fonds des relations, sans aucun interdit, chez les damnés de la terre, le sous-prolétariat dévoré par le seul plaisir gratuit à sa portée.
Dans ce domaine, les débats, menés depuis lundi, livrent un éclairage extrêmement crû. C'est du Zola, version pornographique. Thierry Carette, 47 ans, s'explique sur trois viols. Un garçon de huit ans, une nièce de vingt-cinq ans et la fille de dix-sept ans, d'une ancienne compagne, l'accusent.
Il reconnaît certaines relations mais affirme qu'elles étaient consenties.
Dans ce monde, la pauvreté est non seulement laide mais odieuse. C'est le néant dans les sentiments. « Il s'agit d'un milieu avec un manque de repères », indique sobrement une psychologue.
Les mamans ne sont pas protectrices. La notion de famille n'existe même plus. Tout le monde est le parent de tout le monde.
La terrible confusion d'un expert
C'est d'abord la proximité qui nourrit les élans désordonnés et brutaux des corps. Les adolescents, filles et garçons, sont des proies. Ni les considérations d'âge ni de liens de parenté ne sont des freins.
Les lieux des ébats, voiture ou toilettes, sont rarement teintés de romantisme. Les enfants sont placés et les parents, sans travail, changent régulièrement de partenaires. Un sociologue dressant ce tableau effarant serait inévitablement taxé de schématisme. Il s'agit pourtant d'un tableau de nos campagnes. Il serait abusif de le généraliser mais il convient sûrement de le décrire pour noter la progression de la misère dans le cœur et les esprits. Le cas n'est pas banal. Les victimes ont été souvent abusées par plusieurs auteurs. Difficile donc d'évaluer leur souffrance réelle liée à une personne.
« L'affabulation et la mythomanie, elles sont où ? », s'interroge Me Miel, avocat de la défense, pour mettre à profit cette confusion. Dans ce contexte, le chemin vers la vérité est particulièrement escarpé. Mais il ne faut même pas compter sur la science pour dégager une piste. Un psychiatre interrogé hier lit doctement son rapport mais il concerne un autre accusé. Avec jubilation, Me Miel note que les deux travaux comportent les mêmes phrases : « C'est du copier-coller », insiste-t-il. Quel naufrage !
Me Cliche, avocate d'une victime, ne doute pourtant pas de son issue. « Il n'y a aucun doute sur la culpabilité. Aucun élément ne sème le doute. »
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/cour-dassises-zola-au-pays-de-la-chair-triste

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