vendredi 8 octobre 2010

La mort au volant pour le vieux truand

Vianney Vallve, dit le « Chinois », vétéran du banditisme parisien, a été exécuté mercredi à Saint-Maurice (Val-de-Marne). Cet ancien braqueur s’était reconverti dans le trafic de stupéfiants.


Il n’était pas un caïd, ni un parrain, ni encore un baron des stups. Juste un voyou chevronné, braqueur, casseur et trafiquant de drogue, un peu sur le retour, après des années passées en prison. Mercredi matin, il a connu le sort réservé aux truands : Vianney Vallve, dit « Alain le Chinois », 54 ans, est tombé sous les balles de deux tueurs alors qu’il sortait en voiture de sa résidence, à Saint-Maurice (Val-de-Marne), en proche banlieue parisienne. Le « Chinois », un surnom partagé avec tous les voyous qui ont vaguement les yeux bridés, était né à Béziers, dans l’Hérault. Mais il avait vécu l’essentiel de sa carrière criminelle en région parisienne, dans les rangs du redoutable gang de la banlieue sud, la terreur des banquiers et des convoyeurs de fonds des années 1970 à la fin des années 1980.


En 1984, Vallve tombe avec un des trois gangs de « postiches » qui sévit à l’époque dans les sous-sols des banques françaises. A coups de massette et de burin, ils défoncent les coffres de particulier, très mal protégés à l’époque. En avril 1983, un gang pille 83 coffres à la Banque commerciale de crédit de Cachan, dans le Val-de-Marne. Huit mois plus tard, le Chinois est arrêté mais bénéficie d’un non-lieu.


Fort Knox de banlieue
Il est remis en liberté en juin 1985. Au moment où un gros coup se monte : il s’agit d’attaquer le centre-fort d’une société de transport de fonds, Securicor, à Courbevoie, dans la banlieue ouest. Une sorte de mini-Fort Knox où transitent des millions de francs en billets, entre les banques, les commerces et la Banque de France. Le coup, inédit, est audacieux, mais il nécessite une petite armée. Une vingtaine de truands sont donc mobilisés, dont plusieurs voyous venus de Corse, des « taupes » soudoyées pour faciliter le casse, une logistique déployée : camions, voitures, armes dont une mitrailleuse sur trépied. Le jeu en vaut la chandelle : 35 millions de francs sont escomptés, soit environ 7,5 millions d’euros d’aujourd’hui.


Mais, le jour J, une mauvaise surprise attend le gang. Les hommes de la brigade de répression du banditisme sont là. Ils « tapent en flag » les braqueurs, avant même que ces derniers ne passent à l’action. En fait, l’équipe est sous surveillance depuis des mois. Les peines tombent : quatorze ans de prison pour les meneurs. Vingt-cinq ans après, certains se sont rangés, comme Riton M., aujourd’hui reconverti dans l’élevage de trotteurs, ou Jeannot M., qui joue encore les voyous mais seulement au cinéma. Pas le Chinois. Récemment, Vianney Vallve frayait avec des voyous de la jeune génération, celle des cités. Le 2 novembre, il devait être jugé à Paris avec un de ses représentants, membre de la fratrie O. de Vitry-sur-Seine, très implantée dans le trafic de drogue. Vallve aurait joué les intermédiaires dans une affaire de cocaïne avec Abdelkader O., acquitté voilà quelques années pour un autre règlement de compte dans la banlieue sud, déjà sur fond de trafic de drogue. Une activité périlleuse qui a aussi coûté la vie à un autre des protagonistes du casse avorté de la Securicor. En 1999, le « Gros Nanard » était haché à la kalachnikov, au Kremlin-Bicêtre, toujours dans la banlieue sud.
http://www.francesoir.fr/faits-divers/la-mort-au-volant-pour-le-vieux-truand.34905

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