jeudi 7 octobre 2010

Assises Ceringo Visse, le ferrailleur, est rejugé en appel ce matin

L'ANNÉE dernière, à l'issue de quatre jours de procès à Charleville-Mézières, la compagne et les enfants du gendarme Lourties avaient pu éprouver un bref soulagement. Pourtant, très vite, tous ont dû renoncer à essayer de tourner la page. Du moins dans l'immédiat. Ils vont devoir revivre encore et encore la mort de Jacques Lourties, percuté par une voiture lors d'un banal contrôle routier le 1er janvier 2007 à La Neuville-aux-Joutes dans les Ardennes.
Condamné le 23 octobre 2009, au terme d'un délibéré de trois heures, à trente ans de réclusion criminelle, Ceringo Visse, un Axonais faisait immédiatement appel.
Hier, ce ferrailleur de 26 ans a donc été extrait de sa cellule de la maison d'arrêt de Lille-Loos-Sequedin pour son procès en appel qui s'ouvrira à 9 heures, au palais de justice de Reims.
« Faire appel d'une condamnation constitue un droit », concède Pierre Blocquaux, l'avocat ardennais.
Pourtant, celui qui représente depuis le premier procès, les intérêts d'Angélique Noizet, la compagne du gendarme décédé explique : « Ma cliente attend de ce nouveau procès que justice soit rendue afin de pouvoir reprendre sa vie aux côtés des deux enfants du couple. »
Meurtre ou accident ?
Contrairement au premier procès, Ceringo Visse se trouvera seul ce matin sur le banc des accusés. Les deux passagers, majeurs présents dans le véhicule conduit ce jour-là par Ceringo Visse, n'ont quant à eux pas fait appel. Tous deux ont été condamnés à des peines avec sursis pour usage de stupéfiant et non assistance à personne en danger.
Un an après, le climat de haine à l'encontre d'une communauté, celle qui porte l'uniforme, clairement présent au cours des débats, se sera-t-il apaisé ? Pas certain ! « Cela va quand même au-delà des insultes et des outrages auxquels sont régulièrement confrontées les forces de l'ordre », réagit Me Blocquaux.
Dans sa déposition, le gendarme présent le 1er janvier 2007 aux côtés de la victime affirmait « qu'ils avaient tous deux clairement, à l'aide des gestes et signaux lumineux réglementaires, intimé au conducteur de la Peugeot 406 de se ranger mais que celui-ci avait accéléré dans leur direction ». Des experts ont d'ailleurs effectué une reconstitution de la scène précédant la mort du gendarme Lourties. Un film avait d'ailleurs été projeté devant la cour d'assises des Ardennes.
Le conducteur et les quatre passagers de la voiture, immatriculée dans l'Aisne étaient interpellés par les gendarmes dès le 2 janvier, ces derniers ayant reçu une lettre anonyme les dénonçant. Quatre passagers qui ont clairement mis en cause Ceringo Visse, un ferrailleur de 26 ans, originaire d'Hirson. Ils affirmeront, dans leurs auditions que l'accusé avait délibérément foncé sur le gendarme avant de prendre la fuite. Ce que contestera Visse. « Je voulais forcer le passage mais pas à ce prix-là, pas pour tuer quelqu'un », a-t-il affirmé lors de son procès. Pour Me Blocquaux, « la voiture a été utilisée comme une arme pour écraser le gendarme Lourties ».
Alors, meurtre ou accident ? Les deux thèses vont-elles à nouveau s'affronter dans le prétoire ? Un procès qui repart à zéro ou presque, avec un verdict attendu lundi 11 octobre, en soirée.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/hirson-assises-ceringo-visse-le-ferrailleur-est-rejuge-en-appel-ce-matin

Aucun commentaire: