samedi 26 juin 2010

Procès Villiers-le-Bel : Ali Soumaré témoigne pour la défense

Ali Soumaré a témoigné, vendredi 25 juin, en faveur d'Adama Kamara, un des accusés au procès des tireurs présumés des émeutes de Villiers-le-Bel, dans le Val d'Oise, en novembre 2007. L'élu régional PS a déclaré qu'il ne l'imaginait pas "en tueur de flics". "Il a mis tellement d'énergie pour que cela se passe bien la journée, il ne peut pas s'être transformé en tueur de flics le soir", argumente l'élu dès les premières minutes du témoignage.

Ali Soumare, 29 ans, a grandi à Villiers-le-Bel où il est arrivé à l'âge de huit ans. "On a grandi ensemble, je suis très ami avec l'un de ses frères", déclare-t-il à la cour pour expliquer ses liens avec l'accusé.

Adama Kamara, Abderhamane Kamara, 29 ans tous les deux, Ibrahima Sow, 26 ans et Mara Kante, 23 ans sont jugés depuis lundi devant la cour d'assises de Pontoise pour avoir tiré sur des policiers les 25 et 26 novembre 2007 lors des émeutes de Villiers-le-Bel suite à la mort de deux adolescents dans une collision entre leur moto et une voiture de police.



A la fois "grand frère" et "caïd" de la cité

Dès le début des débats, l'échange entre le témoin et la présidente de la cour, Sabine Foulon, est vif.
"Votre témoignage laisse une impression de flou. Il faut bien que les témoins nous disent ce qu'ils ont vu et au plus près de ce qu'ils ont vu", le tance-t-elle. Visiblement surpris par le ton de magistrate, Ali Soumaré rétorque : "je vous décris une personne dont je ne connais pas le nom et vous ironisez sur ce que je dis.

Défendant Adama Kamara, il décrit un garçon "passionné" qui l'a beaucoup aidé les jours suivant l'accident à "organiser et encadrer des marches citoyennes". "On a rencontré le ministre de l'Intérieur avec Adama. C'est Adama qui m'a convaincu de le faire et il faisait partie de la délégation place Beauvau", explique l'élu à la cour. " Des fois il en faisait trop pour que les choses se calment en disant 'si ça se passe mal, ça va me retomber dessus'", ajoute-t-il.

Cependant, tout le monde ne perçoit pas l'accusé comme un "grand frère". "Il est décrit par Fleury Mérogis, prison où il est incarcéré, comme insultant, provocateur, leader charismatique négatif, meneur de bagarre entre détenus", contre-attaque Me Laurent-Franck Lienard, avocat des policiers blessés.

Le matin, les experts psychiatres avaient décrit le jeune homme à la "jeunesse compliquée", comme un "sujet tourmenté", "narcissique", "immature", "fragile", "nerveux". Depuis le début du procès, Adama Kamara est décrit tantôt comme le "grand frère", tantôt comme le "caïd" de la cité.



Différencier les voyous des habitants

Interrogé comme beaucoup de témoins depuis lundi sur l'ambiance des émeutes, Ali Soumaré qui, le premier soir, naviguait entre le lieu de l'accident et le PC de sécurité explique : "ce n'était pas un climat simple. Il y avait un énervement des jeunes qui ne voyaient pas arriver la police pour les constatations".

"Comment expliquez-vous que des habitants s'énervent de ne pas voir la police arriver et que lorsqu'un commissaire vient sur les lieux il est lynché?", s'énerve la présidente.

"Je pense qu'on ne parle pas des mêmes habitants, Madame la présidente", répond calmement Ali Soumaré. "Il y a les voyous et il y a les habitants qui ont la démarche citoyenne de vouloir protéger les lieux pour la constatation", dit-il. Le procès se poursuit ce samedi ainsi que la semaine prochaine.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20100626.OBS6178/proces-villiers-le-bel-ali-soumare-temoigne-pour-la-defense.html
(Nouvelobs.com avec AFP)

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