dimanche 10 juillet 2011

Cecilia Bartoli, reine de Versailles avant le bal vénitien

VVV, c’est à-dire Venise, Vivaldi, Versailles, est la manifestation imaginée cette année par Jean-Jacques Aillagon, patron du château de Versailles, pour subjuguer les amoureux du château de Louis XIV. Il y réussit à la puissance mille. L’an passé il avait mobilisé des rockers autour du bassin d’Apollon. Les bien-pensants versaillais lui ont fait procès sur procès. Rendez-vous compte, cinq fois dans l’année, les Versaillais, heureux propriétaires des maisons aux abords du château, ne pouvaient dormir avant trois heures du matin ! Qu’importent les créations de Bartabas, de Béjart, de Preljocaj! Et plus récemment de Mathieu Chedid, ces noms illustres les ont tenus éveillés! Aillagon a fait le dos rond. Face aux exigences des bourgeois versaillais, il a inventé une autre formule, celle de ce VVV, (Versailles,Vivaldi,Venise). C’est une prouesse puisque Vivaldi (1678-1741), le prêtre roux n’est jamais venu à Versailles et que jamais Versailles et Venise n’ont été en communion. Comment se sort-on d’un tel projet? Aillagon a acclimaté des gondoles et de fascinants feux d’artifices sur le grand Canal. Au dessus voguent un ballon planisphère et un époustouflant hippocampe : c’est un moment de grâce qu’applaudissent quelque 9.000 spectateurs chaque vendredi. Voici ranimés les "sons et lumières" de jadis et, mieux encore, ces éblouissants Plaisirs de L’Ile enchantée au cours desquels, du 5 au13 mai 1664, Louis XIV, âgé de 25 ans a donné en l’honneur de sa maîtresse Mme de La Vallière, des fêtes manigancées par Molière et Lully qui n’ont jamais eu depuis – sauf aujourd’hui- l’équivalent : rappelons que c’est au milieu de ces festivités que Molière créa le 12 mai le provocant Tartuffe.
Les concerts Cécilia Bartoli et Spinosi, c’est l’entente entre ces deux anticonformistes. Cécilia a redynamisé le chant baroque, retrouvé en fouillant dans les bibliothèques des œuvres oubliées; Spinosi avec sa fougue a dynamité les lieux communs. Ils ont certes un avenir ensemble. Parmi les spectateurs vigilants figurait le contre-ténor Philippe Jarrousky qui collabore avec l’un et l’autre. Jarrousky, qui donne un récital ce mardi à la chapelle du château, chantera également avec Cécilia dans le Jules César de Haendel, programmé l’an prochain au festival de Salzbourg. En outre il peaufine un rôle diabolique, celui de Caravage, dans l’opéra que termine la compositrice Suzanne Giraud sur un livret de Dominique Fernandez.
La suite du VVV promet d’autres éblouissements : feux d‘artifices les vendredis prochains sur le grand canal, le comédien John Malkovich dans une évocation de Casanova lundi et mardi, puis le 9 juillet, sur le grand canal et partout dans le château, un bal vénitien où tous les participants devront être costumés et masqués. Enfin, du 14 au 17 juillet sera donné le sublissime opéra de Lully, Atys, dans la mise en scène de Jean-Marie Villégier et sous la direction de William Christie. Versailles a retrouvé son faste.
Venise, Vivaldi, Versailles jusqu’au 17 juillet. Tel : 01 30 83 78 89 www.chateauversailles-spectacles.frhttp://www.lejdd.fr/Culture/Musique/Actualite/La-diva-Cecilia-Bartoli-a-donne-deux-concerts-a-Versailles-l-un-a-l-Opera-Royal-l-autre-dans-la-galerie-des-glaces-353273?from=headlines

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