dimanche 18 novembre 2012

Esclavage. La sculpture «Mémoires» sera érigée à Brest

«Quand j'ai reçu le courrier de Gaëlle Abily, je l'ai relu 20fois tellement j'étais ému», témoigne Max Relouzat. «La ville de Brest souhaite accueillir votre oeuvre sur son espace public», lui écrit l'adjointe brestoise déléguée à la culture. Ces mots résonnent avec une incroyable force dans la tête de ce Quimpérois d'origine martiniquaise, qui porte, secrètement depuis 1998 et publiquement depuis fin 2009, un projet de mémorial de l'esclavage arrimé à la façade Atlantique. Ce projet? Une sculpture monumentale en acier de 10m de haut, àdeux masques géants, l'un tourné vers l'Europe, le second vers l'océan et les autres continents. «Je ne cherche pas la repentance, ni le pardon, mais un lieu mémoriel, pédagogique, qui permette de parler aux jeunes de leur histoire afinqu'ils construisent ensemble lemonde de demain», insiste Max Relouzat. Il souhaite que «Mémoires» s'érige dans un élan populaire. C'est la raison pour laquelle Mémoires des esclavages, l'association qu'il préside, a lancé une souscription, fin 2009, pour contribuer au financement (130.000 €) de la sculpture.

Encore 80.000 €

«Nous avons plus de 1.000 soutiens aujourd'hui. Cela fait chaud au coeur, mais il nous faut réunir encore 80.000 €, dont 50.000 € assez rapidement pour que le sculpteur
Marc Morvan puisse réaliser ledeuxième masque, puis l'assemblage», décrit-il. Le premier masque a été dévoilé au public lors du Mondial Folk 2011, àPlozévet. Après avoir imprimé des estampes, des affiches inspirées de photos de Véronique Brod, l'association va éditer, dès la semaine prochaine, 10.000 cartes postales illustrées par Arsène Wittersheim dans l'espoir de continuer à financer leprojet. Des miniatures en étain de «Mémoires», d'Auguste Hartel, sont également disponibles.

«Dialogue des cultures»

«Nous avons aussi des intentions de mécénat de la part d'entreprises ou de collectivités, mais elles attendaient la confirmation du lieu, assure
Max Relouzat. C'est chose faite, Brest étudie plusieurs sites possibles à proximité de la mer. Nousassurerons la maintenance de la sculpture», précise-t-il. «L'implantation d'une sculpture àla mémoire des victimes des esclavages renvoie à des enjeux importants, pour la collectivité, liés à la mémoire historique, au dialogue des cultures. (...) L'enjeu est encore aujourd'hui celui du vivre ensemble», argumente, de son côté, Gaëlle Abily. Le père de «Mémoires» espère, enson for intérieur, que l'érection de la sculpture pourra intervenir le10mai 2013, douze ans après l'adoption de la Loi Taubira, qui reconnaît l'esclavage comme crime contre l'humanité. En attendant, Max Relouzat réitère l'idée d'un printemps finistérien de la liberté 2013 à l'occasion du centenaire de la naissance d'Aimé Césaire. Qui n'est pas pour rien dans sa longue lutte contre les discriminations. Contact Association Mémoires desesclavages tél.06.49.49.01.79.

http://www.letelegramme.com/local/finistere-nord/brest/ville/esclavage-la-sculpture-memoires-sera-erigee-a-brest-14-11-2012-1904745.php

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