dimanche 19 août 2012

Au musée Matisse : « Un peu de la fraîche beauté du monde »

Un prochain agrandissement, l'acquisition du parc qui accueillera des sculptures, une rétrospective pour le 130e anniversaire de la naissance ici d'Auguste Herbin, le dixième anniversaire de son ouverture dans les locaux actuels, un futur circuit sur les pas d'Henri Matisse et de nouvelles inestimables donations, le musée Matisse au Cateau-Cambresis est une fête permanente.
Il en est de certaines maisons comme des plantes rares. Elles s'épanouissent là où on s'attendrait le moins à les voir pousser. On dit qu'elles se plaisent ici et pas ailleurs sans chercher à comprendre. C'est magique. C'est tout le bonheur du musée Matisse installé il y a tout juste dix ans dans les murs neufs intégrés à l'ancien palais des archevêques de Cambrai au Cateau-Cambresis. C'est là qu'est né Henri Matisse. A une vingtaine de kilomètres de Saint-Quentin, mais dans le département du Nord, son musée reçoit les passionnés du monde entier à la recherche de ces lieux improbables qui ont fait d'un petit clerc de notaire, plutôt fragile dans les jupes de sa mère, fils d'un grainetier autoritaire, l'un des plus grands artistes de notre temps. De la maison familiale de Bohain-en-Vermandois au Cateau-Cambresis, entre la platitude de champs de maïs sans âme et le souvenir pesant des sombres métiers à tisser au vacarme rythmant des petites vies de labeur, d'où vient cette « fraîche beauté du monde » promise par Matisse et qui jaillit des toiles du maître ? Elle y est pourtant dans les couleurs éclatantes, échappées des ruelles bordées de briques rouges à l'infini, écrasées de beffrois et de cheminées à jamais éteintes. Elle y est toujours au fond des âmes où les artistes sont seuls capables d'aller l'y chercher. Et elle met en joie. Né en 1952 dans une salle de l'hôtel de ville, transféré au palais Fénelon en 1982, puis départementalisé en 1992 le musée Matisse s'installe finalement en 2002 dans des murs neufs à la hauteur de fabuleuses collections qui ne cessent de s'enrichir en plein cœur de cette petite ville laborieuse projetée d'un coup sur la scène internationale et devenue l'un des hauts lieux incontournables du monde de l'art. Un enrichissement quasi permanent qui profite de l'incroyable succès de ce musée à échelle humaine. Il respire côté cour et côté jardin dans une parfaite harmonie entre l'ancienne école des filles et l'ancien marché couvert. Si l'une est déjà intégrée au musée avec sa superbe verrière signée Auguste Herbin le second grand maître du Cateau, l'autre le sera très bientôt.
Un musée gâté
« Le département vient de racheter l'ancien marché couvert et nous allons lancer un programme architectural d'intégration des nouveaux espaces au musée pour ouvrir un centre de documentation », indique Patrice Deparpe, conservateur adjoint. Une nouvelle étape, alors que s'annoncent pour le 130e anniversaire de la naissance d'Auguste Herbin, une exposition rétrospective très attendue de son œuvre en octobre et dans la foulée en novembre les festivités du dixième anniversaire du musée dans ses locaux actuels. Trois jours en novembre avec Carolyn Carlson, des danseurs, des conteurs, des comédiens, des musiciens, des plasticiens… de quoi faire la fête et rassembler une fois encore visiteurs et bienfaiteurs particulièrement attachés au lieu. Pour preuve, ces nouvelles donations qui viennent encore enrichir les collections : 1. 000 ouvrages d'art qui trouveront place dans le futur agrandissement et 450 papiers découpés don de la famille d'Henri Matisse. Il s'ajoute aux quatre plâtres originaux des bas-reliefs des fameux Dos dont un exemplaire en bronze orne la cour d'honneur du musée. Ces dos qui ont inspiré l'œuvre de Christian Bonnefoi présentée jusqu'en septembre. Découvrir le travail très original de cet artiste, c'est l'occasion de retrouver les trésors de ce musée qui a bénéficié du legs exceptionnel d'Alice Tériade en 2000. Son mari, grand éditeur d'art avait côtoyé les plus grands artistes du XXe siècle. Un espace du musée lui est consacré. C'est ainsi que l'on peut voir au Cateau la célèbre salle à manger décorée par Matisse. Et puis, les Picasso, Miro, Chagall, Giacometti, Léger… La quantité et la valeur des donations ou dépôts faits à ce musée du Nord sont impressionnantes et témoignent sans doute du bien-être particulier qu'il inspire à ses visiteurs en provenance de tous les départements français et du monde entier.
Si le musée abrite la troisième collection en France des œuvres de Matisse avec une centaine de dessins, dont ceux de sa jeunesse, de tableaux et de sculptures, il détient la première collection en France des œuvres d'Auguste Herbin. Maître du cubisme comme Matisse fut celui du fauvisme, il avait lui aussi puisé dans l'infinie inventivité des créateurs de tissus au pays des filatures.


http://www.lunion.presse.fr/a-la-une

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