jeudi 21 octobre 2010

L’aciérie de la peur fermée après un accident mortel

L’aciérie Iton-Seine de Bonnières-sur-Seine est à l’arrêt, probablement jusqu’à lundi. Les 80 employés de ce site, spécialisé dans la fabrication de ronds à béton, sont encore sous le choc après la mort de l’un des leurs, décédé mardi après-midi en manœuvrant près d’un des fours.
Vers 15 h 50, Clément, 21 ans, devait changer le carreau d’une caméra d’un des fours en passant entre deux portes coulissantes. Mais il s’est retrouvé piégé, coincé par une énorme porte pesant plusieurs tonnes. « Elle s’est refermée en quatre secondes, souligne une source proche de l’affaire. Il n’avait aucune chance de survivre. »
Les gendarmes de Mantes-la-Jolie sont chargés de l’enquête. Depuis mardi soir, ils ont posé des scellés pour empêcher l’accès à l’atelier. Les enquêteurs devront déterminer si la direction est fautive ou si Clément a commis une erreur. Mais le passé d’Iton-Seine, longtemps connu sous le nom d’« aciérie de la peur », ne plaide pas en sa faveur.
La société a déjà été condamnée trois fois par le tribunal correctionnel pour des homicides ou des blessures involontaires. Le jugement d’une quatrième affaire, qui a été plaidée le 11 octobre, doit tomber dans les prochains jours. « La société se targue d’avoir fait de nombreux efforts pour améliorer la sécurité, commente une source proche du dossier. Mais il y a encore du chemin à faire. Il n’y existe pas de procédure totalement sécurisée pour exécuter le travail que ce jeune homme devait effectuer. C’est inadmissible. »
Remonté, Manuel Lopez, le représentant de la CGT au comité du groupe Riva France, n’exclut pas de lancer une nouvelle procédure à l’encontre de l’entreprise pour « atteinte à l’intégrité physique et morale ». « Ce jeune venait juste d’être embauché et il était trop inexpérimenté pour intervenir seul sur ce type de manipulation », conclut le représentant.
La direction, elle, se dégage de toute responsabilité et évoque le non- respect des consignes comme cause du drame. « Il s’agit d’une banale opération », explique Vincent Smeeckaert, directeur du site. « Pour des raisons encore inconnues, l’employé n’a pas respecté la procédure », précise le responsable, encore sous le choc. « Iton-Seine a fait de gros efforts ces dernières années, abonde le maire de Bonnières-sur-Seine, Jean-Marc Pommier (Génération Ecologie). Nous faisons le point tous les six mois sur ce sujet sous l’égide du sous-préfet. » En janvier 2009, lors d’une visite, Brice Hortefeux, alors ministre du Travail, avait même salué les efforts d’Iton-Seine en matière de sécurité.
Embauché il y a seulement quel- ques semaines, Clément, originaire d’Elbeuf (Seine-Maritime), avait obtenu un bac professionnel avant de suivre une formation spécialisée dans l’électricité.
Pour soutenir les employés choqués par sa mort, la direction a décidé de proposer les services d’un psychologue dès aujourd’hui. Un comité d’hygiène et de sécurité des conditions de travail s’est tenu hier en présence de l’inspection du travail et se poursuivra vendredi matin.
http://www.leparisien.fr/yvelines-78/l-acierie-de-la-peur-fermee-apres-un-accident-mortel-21-10-2010-1117110.php

Aucun commentaire: