dimanche 26 juin 2011

Mondial-2011 - Le football féminin français en plein paradoxe

Inspirée par le succès de Lyon en Ligue des champions, l'équipe de France féminine de football débute, dimanche face au Nigeria, le Mondial allemand avec de réelles ambitions, confirmant le paradoxe d'un sport où l'élite progresse malgré la grande fragilité de la base.
Sur les quelque deux millions de licenciés que compte la Fédération française de football, un peu plus de 60.OOO sont des joueuses. La comparaison avec le million de licenciées allemandes est cruelle, et pourtant c'est bien Lyon qui s'est adjugé la dernière Ligue des champions féminine aux dépens des Allemandes de Potsdam.
A priori, l'équipe de France ne joue pas tout à fait dans la même cour que la Mannschaft féminine, double championne du monde en titre, mais les filles de Bruno Bini veulent un résultat lors de ce Mondial et attendent avec impatience leur troisième match de poule face à l'Allemagne, le 5 juillet.
"60.000 licenciées, au vu de ce que fait l'élite, c'est loin d'être suffisant, c'est même indécent", regrette Marilou Duringer, chef de la délégation des Bleues et ancienne membre du Conseil fédéral.
A la FFF, l'objectif 100.000 licenciées d'ici trois ou quatre ans est affiché. Mais beaucoup de retard a été pris par rapport aux pays les plus en pointe et la tâche semble immense.
"Un plan de développement conçu avec la DTN est en cours, avec pour objectif notamment d'avoir des compétitions féminines dans toutes les catégories d'âge. Il y a aussi un projet de féminisation des instances, explique Marilou Duringer qui, outre la question de la pratique sportive à l'école, pointe "un vrai manque de considération" et un durable "problème de mentalité".
"Il faudrait aussi installer des équipes féminines dans la plupart des clubs professionnels", ajoute-t-elle.
Pensée parasite
Lyon est aujourd'hui l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur club européen. Montpellier et le Paris SG ont des sections féminines performantes, comme à un degré moindre Toulouse et Saint-Etienne. Marseille de son côté ne lancera son équipe féminine que la saison prochaine.
Mais la question des clubs se pose en fait bien avant l'échelon professionnel. Autorisées à jouer avec les garçons jusqu'à 14 ans, les filles qui veulent continuer doivent ensuite trouver une équipe féminine. C'est là que tout se complique.
"Au début, tu ne connais pas le foot féminin. Je ne savais même pas qu'il y avait des équipes, c'est souvent ça qui bloque. J'ai eu la chance d'avoir deux clubs pas trop loin de chez moi", raconte ainsi Camille Abily, milieu de terrain des Bleues.
Face à la confidentialité de leur discipline, les meilleures joueuses françaises sont conscientes de la nécessité de faire parler d'elles et de leur sport, en premier lieu par des résultats.
A ce titre, le sacre européen de Lyon, diffusé en direct sur une chaîne de la TNT, a créé un certain intérêt médiatique qui pourrait se confirmer avec le Mondial allemand.
"Dans la conquête des clubs et du public, ça avance. Et si la Coupe du monde est un succès, ça peut influer. Elles doivent jouer et séduire", estime Marilou Duringer.
Bruno Bini ne veut pas en revanche que ses joueuses se sentent en mission. "C'est mon boulot de l'éviter. Elles n'ont pas à porter sur leurs épaules toute la misère du football féminin. Il ne faut pas que ça devienne une pensée parasite", estime le sélectionneur.
"On ne veut pas se tromper d'objectif", renchérit Camille Abily. "On sait aussi que le hand, par exemple, a de supers résultats, les filles comme les garçons, et que 15 jours après plus personne n'en parle.
http://www.lepoint.fr/sport/mondial-2011-le-football-feminin-francais-en-plein-paradoxe-25-06-2011-1345895_26.php

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