dimanche 29 mai 2011

Bartabas et Carolyn Carlson unissent leurs univers dans une friche industrielle

Poésie hypnotisante d'un côté, énergie instinctive de l'autre : la chorégraphe américaine Carolyn Carlson et le créateur équestre Bartabas ont mélangé chevaux et danseurs dans un spectacle qui fait revivre une friche industrielle du bassin minier nordiste.
Pour cette "création mondiale" de "We were horses" à Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais), tout est complet pour les représentations jusqu'au 1er juin dans ce hangar que l'équipementier automobile Plastic Omnium avait lui-même bâti sur un ancien carreau de fosse de mine.
Les réactions du public sont partagées entre ceux qui acceptent de se laisser plonger dans une transe hors du temps, alors que d'autres - admirateurs habituels des créations de Bartabas - sont un peu déroutés.
Sur une musique hypnotique du début des années 70 de Philip Glass ("Music in twelve parts"), écuyères aux longs cheveux flottants sur chevaux à crinière soigneusement taillée chassent des danseurs légèrement habillés en couleurs minérales, dont la gestuelle s'inspire de celle du peuple des équidés.
Cette rencontre singulière des langages des arts équestre et chorégraphique, quelquefois lancinante, parfois spectaculaire, est souvent d'une harmonie envoûtante.
Pour Carolyn Carlson, ce rapprochement est possible "quand l'homme se libère de son harnachement, quand l'instinct partagé devient quête de liberté".
Installée dans le nord de la France depuis six ans, où elle dirige le Centre chorégraphique national (CCN) de Roubaix, elle dit être "tombée amoureuse" du travail de Bartabas quand elle l'a connu.
Bartabas note que dans ses spectacles, il y a "toujours eu de la danse" et qu'il a conçu son Académie du spectacle équestre "comme un corps de ballet".
Le spectacle sera repris aux "Nuits de Fourvière" dans le Grand théâtre romain de Lyon du 7 au 11 juin puis dans le cadre du Monaco Dance forum, les 8, 9 et 10 juillet.
Il a été créé à Bruay-la-Buissière dans le cadre de la mise en valeur par la région Nord/Pas-de-Calais de ses villes, à tour de rôle, comme "capitale régionale de la culture" en s'inspirant de l'énorme succès de Lille en 2004 en tant que "capitale européenne de la culture".
Dans la conviction que la culture peut apporter sa pierre au redéveloppement économique, cette année, ce sont les villes de ce qu'on appelle toujours le Bassin minier, Béthune et Bruay-la-Buissière, qui sont ainsi distinguées.
Béthune a déjà fait vivre le théâtre de rues et réussi des mises en valeur modernistes de ses lieux emblématiques.
Bruay-la-Buissière a de son côté donné carte blanche à l'artiste de la mise en lumière Yann Kersalé pour un "parcours géo-poétique" nocturne stade-parc-piscine art déco.
Sa "cité des électriciens" - plus ancien coron minier de la région (1860) - a aussi été livrée, en attendant sa rénovation, à un collectif d'artistes marseillais, "Les pas perdus", pour y lancer à partir du 18 juin une "promenade du jardin des souhaits bricolés" prometteuse.
http://www.lepoint.fr/culture/bartabas-et-carolyn-carlson-unissent-leurs-univers-dans-une-friche-industrielle-28-05-2011-1336079_3.php

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