lundi 25 avril 2011

Avec son cabaret transformiste, David Bève va souffler sur les nuits lilloises un vent de folie

Une cuisine gastro (N'Autre monde), une autre de bistro (N'autre bistro) : l'appétit de David Bève ne s'est pas arrêté là. En septembre, histoire d'aborder sereinement le virage de la quarantaine, le Lillois retrouve l'univers du dîner-spectacle qu'il a côtoyé aux Folie's de Paris, en ouvrant un cabaret transformiste, rue du Molinel.

Il y a ce dont on est sûr. Sûr que David Bève et son associé Harry Baclet en ont terriblement envie. « Ça fait trois ans et demi qu'on parle entre nous d'ouvrir un cabaret transformiste », avoue le chef lillois. Autre certitude : il ouvrira sous un nom qui sonne comme une jolie gourmandise La Bonbonnière. La troupe est constituée de sept transformistes et de deux danseurs. « On a mis un an et demi pour recruter l'équipe », glisse le futur patron. Il a misé sur des gens de la région qui ont déjà de l'expérience dans le métier : « Tous les artistes feront le service en salle ».
Le spectacle a été pensé autour de « vingt et une ressemblances » avec des tableaux différents à chaque fois. Les costumes, le décor et le maquillage ont été soignés. Ce sera une revue avec des plumes, une succession de choses classiques, d'autres beaucoup moins, toujours avec le souci de présenter des montages singuliers. « Des numéros qu'on n'a pas l'habitude de voir », promet le Lillois. Liza Minnelli devrait retrouver Beyoncé comme dans Sex And The City 2. On croisera sur scène Sophia Lauren, Régine et Vanessa Paradis et « une super Joséphine Baker », façon Bobino au printemps 1975. La chorégraphe est Québecquoise : Chantal Gamache a été meneuse de revue aux Folie's de Paris.
On est sûr également que côté cuisine, on mettra les petits plats dans les grands, histoire de casser cette idée que certains ont du dîner-spectacle, à savoir que le plaisir est rarement dans l'assiette. Avec N'Autre Monde (dont la déco vient d'être complètement repensée) et N'Autre bistro (qui a ouvert il y a un an rue des Bouchers), David est habité par une certaine conception de la cuisine. Dans son édition 2009, le GautMillau faisait de ce restaurateur autodidacte l'une des vingt-deux révélations (dans le guide, on appelle ça les jeunes talents) de l'année. À l'époque, c'était écrit comme ça : « Des idées à foison, des influences world revendiquées et appropriées avec finesse : David Bève montre autant de finesse que d'imagination. » Joli compliment pour une cuisine c'est vrai inventive qui marie le terroir et l'exotisme, entre tradition et créativité. Le garçon a fait un sacré bonhomme de chemin depuis qu'il a reçu son premier tablier de cuisine, offert par sa grand-mère. Il avait alors 8 ans.
Pour David Bève et Harry Baclet, qui ont commencé à travailler ensemble aux Folie's de Paris (c'était en 1993), l'investissement est conséquent : on n'est pas loin du million d'euros. Pourquoi maintenant ? « On approche tous les deux de la quarantaine - David est né en 1972, Harry un an plus tôt. On nous dit que c'est un cap difficile. Si on négocie bien le virage du cabaret, ça devrait aller tout seul. »

Pas un « Folie's » bis

Depuis Marrakech, Claude Thomas, le maître de cérémonie des Folie's de Paris, a suivi le début de cette belle aventure. « Bon, au début, c'est vrai qu'il nous a trouvés un peu hystériques et on a même eu droit à quelques petits noms d'oiseaux, reconnaît David.
Maintenant, il nous dit qu'il faut faire attention mais il est aussi très content que ce soit nous qui ouvrions à Lille un cabaret comme celui-là ». Avertissement à l'endroit de ceux qui fréquentaient le cabaret de l'avenue du Peuple-Belge : la Bonbonnière de David Bève ne sera pas un « Folie's » bis et il n'a pas non plus l'intention, rue du Molinel, de faire du Claude Thomas. Il n'en dira pas beaucoup plus sur la déco de son cabaret, juste qu'il n'y aura pas de tentures rouges, pas non plus de velours. « Ce sera quelque chose de très lumineux. »
Comme dans toutes les belles histoires, il y a encore une petite place pour l'imagination. Pour l'instant, il n'y a que David, quand il se plonge dans les plans réalisés par le cabinet Pollux (les mêmes architectes qui ont planché sur la déco de N'Autre monde), pour voir au 157 de la rue du Molinel autre chose qu'un vieil entrepôt et imaginer à cet endroit une vie qui tire vers le raffinement. « Pour l'instant, le toit c'est de la tôle ondulée. »
Et pourtant, tout doucement, on passe du virtuel au concret, ne serait-ce qu'avec ces autorisations de travaux affichées sur la porte d'entrée. Travaux qui commencent ces jours-ci.
« En juin, on connaîtra la date exacte d'ouverture. » D'ici là, il faudra à David Bève trouver le rythme qui lui permettra de faire vivre son cabaret et ses deux autres adresses du Vieux-Lille : « On n'ouvre pas un cabaret pour délaisser nos deux restaurants », promet ce chef ambitieux. S'il s'en tient à sa feuille de route, il devrait démarrer les soirées au(x) restaurant(s) et les finir au cabaret. Il y a plus désagréable comme programme. •
La Bonbonnière ouvrira ses portes (dans la deuxième quinzaine de septembre si le calendrier est respecté) au 157, rue du Molinel.
http://www.lavoixeco.com/

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