samedi 20 octobre 2012

Zanzucchi va se pointer place Ducale

CHARLEVILLE-MÉZIÈRES (Ardennes). Pierre Zanzucchi met actuellement la dernière main à une œuvre qui lui a été commandée à l'occasion de la Biennale internationale de poésie des Ailleurs 2012. Son exposition « D'ardoise et de verre » sera visible jusqu'à fin janvier dans les musées de la ville.
L'ARTISTE parisien est en résidence dans les ateliers municipaux où il a assemblé une sorte de « flèche » de 5 mètres de haut que l'on ne va pas tarder à voir sur la place Ducale. « Ce sera stable… même si c'est apparemment fragile ».
Les sculpteurs sont souvent comme cela : toujours à chercher le maximum de déséquilibre tolérable et à vouloir se rapprocher du point de rupture… sans pour autant mettre en danger, ni l'œuvre, ni ceux qui tournent autour et la regardent !
L'idée de départ de Pierre Zanzucchi est de « faire émerger l'émotion ». Voilà, c'est cela : plutôt qu'une pointe ou une flèche, l'artiste invente une expression à lui et dit que ce sera comme une… « émergence terrestre ». Mais quel nom portera-t-elle ? « Ça viendra… au terme de la gestation », répond l'artiste, un sourire en coin, au journaliste trop pressé.

Une « émergence terrestre »

Depuis qu'il est arrivé en résidence carolo, Pierre Zanzucchi est comme un poisson dans l'eau. Il « embauche » au Centre technique du bâtiment tous les matins à 7 h 30. « J'ai de bons échanges avec les gars d'ici. On se comprend et parfois ils me suggèrent des solutions techniques ».
Pour son « émergence terrestre », le sculpteur a récupéré des plateaux de bois de différentes essences (merisier, peuplier, hêtre…) que l'on trouve forcément dans les Ardennes. Les dessins préparatoires montraient une volonté d'effectuer des découpes assez compliquées capables d'accrocher le regard et de « jouer » avec la lumière. L'œuvre sera peinte… A l'arrivée, l'audace initiale sera sans nul doute au rendez-vous.
Pierre Zanzucchi est d'abord un peintre et un graveur qui a ressenti un jour le besoin d'empoigner physiquement la matière.

Des « Illuminures » chez Rimbaud

Ami du rimbaldien Alain Borer -avec qui il a réalisé un splendide livre d'artiste- et du poète Guy Goffette, il était déjà venu dans les Ardennes, notamment à l'Echelle, au temps de l'hôtel Beury de Philippe et Bernadette Coquelet. Pierre Zanzucchi n'est donc pas un total parachuté au pays de Rimbaud.
Outre l'œuvre qui va arriver sur la place Ducale et s'y installer pour quelque temps, le sculpteur va également exposer ses œuvres « d'ardoise et de verre » dans les deux musées de l'Ardenne et Rimbaud, ainsi qu'à la médiathèque Voyelles du 19 octobre au 27 janvier.
Dans le Vieux Moulin, le public retrouvera une partie des Illuminures, sortes d'explosions abstraites et monumentales de couleurs que Zanzucchi avaient réalisées pour le hall Charles V du Carrousel du Louvre en 2000 et qui lui avait valu à l'époque une large couverture médiatique.
Pour ce néologisme « illuminures », l'artiste ne pensait pas (encore) à Rimbaud et à ses Illuminations ; il voulait d'abord faire référence aux « enluminures » médiévales qui se trouvaient juste au-dessus, à l'intérieur du Musée du Louvre.
Mais finalement, ces Illuminures vont parfaitement trouver leur place chez Rimbaud. Vous verrez… Si l'ardoise est évidemment un matériau familier pour les Ardennais qui se souviennent des « scailleteux » de Fumay ou de Rimogne, l'autre gros point fort dans l'œuvre de Zanzucchi est le verre. Et surtout ce qu'il en fait !
Il suffit d'aller jeter un œil sur les « vitraux » sans plomb qu'il a créés en 2004 pour la petite chapelle d'Olivet (Loiret). Ces formes de verre de couleur, découpées à main levée (!) et collées ensuite sur la vitre support, révolutionnent carrément le principe ancien du vitrail. Plus épuré, moins chargé, le « vitrail » laisse le blanc -de la lumière du jour- (re) dessiner la couleur. Et l'effet est assez saisissant.


http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/zanzucchi-va-se-pointer-place-ducale

Aucun commentaire: