vendredi 13 avril 2012

Le Titanic à Cherbourg, une exposition à succès

Plusieurs milliers de visiteurs ont découvert, ce week-end, l'exposition de la Cité de la mer. Décryptage d'une mise en scène réussie avec l'architecte et la scénographe.
Entretien avec Clémence Farrel, scénographe, et Jean-Marie Lombard, architecte.
La Gare maritime de Cherbourg, dessinée par René Levavasseur dans les années 20, est la plus ancienne d'Europe occidentale. Comment y introduire l'exposition consacrée au Titanic sans le dénaturer ?
Jean-Marie Lombard : Nous n'avons fait aucune intervention. Nous avons juste implanté un escalier d'accès qui est une simple trémie avec une rambarde en verre et en inox, la plus discrète possible. Mon travail a consisté à retisser un parcours au sein de différents bâtiments sans y laisser une empreinte indélébile. Et, au-delà de la thématique du Titanic, de Cherbourg et de l'immigration, à faire redécouvrir un lieu de façon complète et entière puisque, jusqu'à présent, on avait des espaces non dévoilés au public. On n'est pas là pour faire du design ostentatoire. Ce n'est pas frustrant, c'est même un plaisir.
Clémence Farrel : Ce lieu incroyable se raccrochait à une histoire. On devait trouver une expression qui rende compte de cette histoire, avec un projet sans collection. J'ai proposé qu'il n'y ait pas de salle sur le naufrage, que toute l'expo passe en mode naufrage, s'appuie sur une dramaturgie, cette traversée dans une unité de temps, de lieu et d'action.
Et côté dramaturgie ?
Clémence Farrel : Nous l'avons construite en nous documentant. J'ai vu que tout était très renseigné. On pouvait construire un récit précis. L'impression de réalité est apportée par la dimension sonore. À partir du son, on peut se construire beaucoup d'images. Après, on a fait plein de dispositifs, des décors à toutes les échelles, de petites maquettes derrières des oeilletons, des maquettes derrière des fenêtres, des décors à l'échelle 1 pour des cabines, des décors à l'infini...
Cette mise en scène propulse le visiteur à bord du bateau...
Clémence Farrel : Mais on ne pouvait pas rendre dans cet espace le gigantisme du Titanic. On accède aux contenus par des techniques très contemporaines, des écrans, mais on prend aussi des vieilles techniques, le théâtre optique, les effets de miroir. Chacun y prend ce qu'il veut. Des visiteurs veulent tout voir, d'autres veulent passer. Chacun trouve son rythme. C'est assez magique de voir le public, un peu déstabilisé parce qu'il faut se prendre en main dans cette exposition, se balader comme dans un bateau.
Le film Horizon est complètement surprenant.
Clémence Farrel : Je l'ai fait comme un décor animé. Quand on est sur un paquebot, on voit la mer, il n'y a rien d'autre. Mais ici, il y a aussi du son et des textes qui sont, soit des citations, soit des messages de glace (les alertes aux icebergs). Et les gens sont totalement captés par ce film qui n'a rien à voir avec l'invasion d'images qu'on a à l'heure actuelle.

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