mardi 13 mars 2012

Exposition : la joie de vivre des Halles sous l’œil de Doisneau

Est-ce le sourire de la marchande de fleurs en train de lier une botte de tulipes? Prise en 1968, trois ans avant la démolition des pavillons Baltard, cette photo illumine l’exposition « Doisneau les Halles » que l’Hôtel de Ville de (IVe) consacre jusqu’au 28 avril, au grand photographe disparu en 1994.

Témoignage « d’une époque où les gens avaient l’air beaucoup plus heureux qu’aujourd’hui », selon Marie-Claude, secrétaire médicale à la retraite, ce cliché dégage une joie de vivre qui reflète l’ambiance des Halles de Baltard, dans ces années pas si lointaines où elles étaient encore « le ventre » de



«Je savais que cela allait disparaître. Je voulais absolument en fixer le souvenir»

De l’otarie de la poissonnerie Lacroix rue Rambuteau à la religieuse à cornette qui tire un diable (joliment titrée « Cornette endiablée » par l’auteur), en passant par les fêtards du petit matin, c’est une époque à jamais disparue que Doisneau a immortalisée sur sa pellicule — et que l’Hôtel de Ville nous restitue en 208 photos. « Nous habitions Montrouge. Mon père qui venait tous les jours à Paris photographiait la ville avec l’émerveillement d’un banlieusard », confie Francine Doisneau, fille du photographe et commissaire de l’exposition avec sa sœur Annette. « Je savais que cela allait disparaître. Je voulais absolument en fixer le souvenir », écrit Robert Doisneau. Armé de son seul Rolleiflex, il parcourra alors inlassablement les Halles, de 1933, date du premier cliché à 1979 où il réalise un reportage sur l’ouverture du Forum des Halles — qui n’aura finalement vécu que trente-deux ans!

Lorsque Doisneau photographie l’inauguration du marché de Rungis (Val-de-Marne) où le grand marché alimentaire sera transféré en 1969, l’ambiance clinique qu’il restitue est presque palpable. Plus sinistre encore, cette image hitchcockienne du trou des Halles survolé par des corbeaux (« les Oiseaux », 1973). Sans parler de la consternation qui se lit sur les visages de ces Parisiens éberlués qui contemplent en 1975, le fameux trou du haut d’une passerelle en bois.

Alors que les Halles sont à nouveau en chantier pour plusieurs années, un visiteur s’exclame dans le livre d’or de l’exposition : « Bravo Doisneau! » Avant de s’interroger, perplexe : « Que nous réservent les nouvelles Halles?»


« Doisneau Paris les Halles », 29, rue de Rivoli (IVe), métro Hôtel- de-Ville, tous les jours sauf dimanches et fêtes de 10 heures à 19 heures.

http://www.leparisien.fr/paris-75/exposition-la-joie-de-vivre-des-halles-sous-l-oeil-de-doisneau-10-03-2012-1898913.php

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