jeudi 12 mai 2011

Sur son escabeau, à Cannes, elle oublie les soucis du quotidien

Son sort est scellé depuis mardi soir minuit. Son escabeau en tout cas. Pour la dixième année consécutive, Christiane est descendue à Cannes pour suivre le festival au plus près des stars. Comme une poignée d'habitués, "des fous" disent certains Cannois, plus de 48h avant l'ouverture officielle du festival, cette employée de banque de 54 ans a installé siège et escabeau à cheval sur la route, pour être sûre de voir arriver les stars avant la fameuse montée des marches.
Dès son arrivée mardi matin, elle a cadenassé son attirail à celui de ses voisins à l'aide d'antivols pour marquer son territoire et empêcher qu'on la déloge. Le tout était de tenir jusqu'au mardi minuit, heure à laquelle les barrières sont installées devant les marches du palais. "A ce moment, la circulation est coupée et nos places sont entérinées", explique-t-elle.

"Ça va être un grand festival"

Mais cette année, d'autres sont arrivés plus tôt qu'elle pour obtenir un meilleur point de vue. La jeune fille à ses côtés a ainsi passé la nuit de lundi à mardi sur place pour être sûre que ses antivols ne soient pas coupés et son siège de fortune poussé plus loin. "C'est la guéguerre", s'amuse Christiane. "Chaque année, il faut venir de plus en plus tôt. Avant, nous nous installions la veille du festival. Mais maintenant c'est plutôt deux jours avant. Cela fait un an que j'angoisse à l'idée de ne pas pouvoir m'installer correctement".

Mais maintenant qu'elle est rivée à son siège, rien ne semble pouvoir entamer son enthousiasme. "Cette année, ça va être un grand festival. Il y a tout le monde : Johnny Depp, Angelina Jolie, Brad Pitt, Sean Penn, Belmondo", énumère-t-elle avec un sourire gourmand et un empressement de jeune fille. Sa préférence va d'ailleurs aux acteurs américains : "Ils jouent vraiment le jeu. Quand ils sortent de leur voiture, ils se tournent vers nous et viennent signer des autographes". Son meilleur souvenir ? "Il y a quelques années, Brad Pitt et George Clooney avaient fait le show en arpentant la croisette et en venant à notre rencontre : c'était génial".
"Les Français, ils se la pètent un peu" En revanche, sur l'échelle de son palmarès cannois, les Français arrivent tout en bas. "Passez-moi l'expression mais ils se la pètent un peu. Ils ne se retournent même pas quand on les appelle et filent direct vers les photographes officiels". Christiane garde une rancune particulière à l'égard d'une grande actrice française ("mais n'écrivez pas son nom, ce n'est pas la peine"), qui avait déclaré le lendemain dans un journal qu'elle avait eu l'impression d'être un "singe en cage". "Faut pas venir à Cannes dans ce cas-là", s'énerve la Lyonnaise qui, en quelques heures, a déjà pris de sérieux coups de soleil.

Cette mère de famille aux revenus modestes vit sa "passion" en solo. Sa fille viendra peut-être la rejoindre le week-end prochain, elle-même piquée par le virus. Quant à son entourage, "ils ont fini par s'y faire... mais pas tous". Ses collègues ne manquent pas de la charrier. D'autres ne comprennent tout bonnement pas. "Moi, ça me fait du bien. Pendant ces dix ours, j'oublie les soucis du quotidien et je rêve". Son programme quotidien ? "Le matin, je planque devant le Martinez pour apercevoir des célébrités et dès 16h, je reviens sur mon escabeau pour la montée des marches". Et avant de se coucher, elle envoie ses meilleurs clichés à des collègues triés sur le volet.

Un rêve qui a tout de même un coup car, pendant le "FIF" (Festival international du film, pour les initiés), le tarif des logements n'est pas adapté aux petits budgets : 1.200 euros l'année dernière pour une édition du festival, qui, selon elle, n'en valait pas la peine. "C'est sûr que je ne dépense pas cette somme pour mes vacances d'été". Et même si, de son escabeau, elle ne voit pas la mer, qu'importe, elle "(s')éclate"

http://lci.tf1.fr/culture/cinema/sur-son-escabeau-a-cannes-elle-oublie-les-soucis-du-quotidien-6445271.html

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