jeudi 5 mai 2011

Je m'voyais déjà: Aznavour, un plaisir indémodable

Plus de deux ans après sa création, en France, la comédie musicale Je m'voyais déjà, qui s'articule autour des chansons de Charles Aznavour, s'installe à Québec. C'est à une version toute québécoise qu'auront droit les amateurs de musical, une version saluée par Aznavour lui-même. Au grand plaisir de ses interprètes, dont Judith Bérard et Frédérick De Grandpré, que Le Soleil a rencontrés, quelques semaines avant leur retour sur scène.

La première série de représentations s'est déroulée à Montréal, en octobre dernier, et la troupe a eu le bonheur (et le stress) de voir Charles Aznavour, ainsi que sa fille Katia, se pointer à la première. «On nous avait dit de nous attendre à rien... surtout qu'Aznavour n'avait pas adoré la production française», raconte Judith Bérard. «Mais à la fin, il s'est levé et est venu vers nous, sur la scène. Nous avons tous pleuré», se souvient-elle, émue.

Charles Aznavour a ensuite mangé avec l'équipe du spectacle et leur a répété combien il avait aimé leur performance. «Il nous a dit qu'il était content de voir qu'on s'était approprié ses chansons, que c'est ce qu'il fallait faire», ajoute Frédérick De Grandpré, encore impressionné par cette bénédiction du maître en personne.

Refaisons un peu le chemin de la production. La fille de Charles Aznavour, Katia, qui l'accompagne comme choriste depuis une quinzaine d'années, a d'abord eu l'idée d'un spectacle inspiré des chansons et de la musique de son père. Car il est important de rappeler que Je m'voyais déjà ne raconte pas la vie d'Aznavour, mais est bâti autour d'une quarantaine de ses chansons.


Katia Aznavour a demandé à un grand passionné du répertoire de son père, Laurent Ruquier (l'animateur de On n'est pas couché, à TV5), d'écrire le livret de la comédie musicale qu'elle avait imaginée. Après sa carrière en France, les concepteurs ont décidé de faire accoster le spectacle en Amérique, non sans avoir pensé en faire une adaptation pour le Québec. Pour ça, Ruquier a demandé à son bon ami, l'humoriste Pierre Légaré, d'adapter certaines blagues et références très françaises, et de revoir les lieux de l'action.

Le canevas de base, cependant, reste le même. Je m'voyais déjà raconte l'histoire de jeunes artistes expulsés d'un casting qui décident de monter leur propre comédie musicale. Pour ce faire, ils font appel à une chanteuse un peu oubliée qui attendait sa seconde chance. Judith Bérard est Francesca, chanteuse sur le déclin qui «s'oublie» un peu dans l'alcool, et Frédérick De Grandpré est Danny, un chanteur qui n'a jamais percé et qui a eu une histoire d'amour avec Francesca, il y a longtemps.

«Le spectacle brise les conventions théâtrales et l'histoire devient prétexte à chanter les chansons d'Aznavour», explique Judith Bérard. Selon elle, le succès de l'entreprise repose sur les épaules des sept comédiens-chanteurs-danseurs, qui ont établi une complicité et un esprit d'équipe très fort.

«On a fait des auditions de groupe, et la magie s'est installée immédiatement entre nous», renchérit De Grandpré. Le metteur en scène du spectacle français, Alain Sachs, est aussi de l'aventure et Judith Bérard affirme qu'il a été séduit par la capacité de travail et la simplicité des artistes québécois.

Les chorégraphies sont de Geneviève Dorion-Coupal («Car en plus du chant, il a fallu faire une mise en pieds!» rigole la chanteuse) et quatre musiciens accompagnent les comédiens sur scène. La distribution est complétée par Véronique Claveau, Martin Rouette, Élise Cormier, Hugo Lapierre et Jean-François Poulin. «Ce qui ajoute au plaisir, c'est que les gens de tous les âges chantent avec nous et connaissent ce répertoire. C'est très touchant», conclut Judith Bérard.


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