mardi 11 janvier 2011

Frère et sœur ont vécu ensemble et sont morts ensemble

Les deux cercueils viennent d’être posés pour un seul et dernier hommage dans le chœur de l’église de Saint-Loup, village proche de Tarare. Hier, les cousins et les amis s’étaient réunis pour les funérailles de Catherine et Georges Triomphe, décédés brutalement le même jour, mardi dernier, à Saint-Loup, dans leur ferme « Le Nové ». Ils étaient frère et sœur et ne s’étaient jamais quittés. Elle avait 90 ans. Lui, 87 ans. Ils ne se quitteront plus jamais. C’est l’infirmière qui leur rendait visite chaque jour qui les a découverts, chez eux, mercredi, dans la maison familiale où ils étaient nés, avaient grandi, travaillé et demeuré enfin jusqu’à leur dernier jour.
En raison des circonstances exceptionnelles, voire troublantes, de leur mort presque simultanée, une enquête avait été ouverte par le parquet. Une autopsie a été réalisée et si les résultats doivent être connus d’ici quelques semaines, il semblerait néanmoins que lui soit décédé d’un malaise, et elle d’un arrêt du cœur. Elle souffrait depuis quelque temps d’insuffisance cardiaque. C’était une dame âgée qui ne pouvait plus beaucoup marcher.
D’après les premiers éléments de l’enquête, l’homme serait décédé le premier, dans son jardin. Elle quelques heures, plus tard, alors qu’elle déployait ses derniers efforts pour partir à sa recherche, inquiète de ne pas le voir revenir à la maison en fin d’après-midi. Les gendarmes l’ont découverte au sous-sol, endroit de la maison où elle n’avait pas mis les pieds depuis plusieurs années. Elle était des classes en « 0 ». Lui des classes en « 3 », dont il était le plus ancien membre actif. Il avait été conseiller municipal durant deux mandats dans les années soixante et était « connu à Saint-Loup », confie le maire de la commune, Jean-Pierre Jacquemot, conscrit du défunt.
Après le décès de leurs parents, Georges et Catherine Triomphe étaient restés dans la maison familiale, devenue avec le temps un ancien corps de ferme. Ils ne s’étaient jamais mariés. Exploitants agricoles, ils vivaient de la terre, loin des contingences matérielles de la société de consommation contemporaine. Ils ne conduisaient, ni l’un ni l’autre. Mais se faisaient conduire pour aller à la messe ou en course. Ils vivaient de manière simple, le confort moderne (chauffage au bois, sanitaire…) n’avait fait, qu’il y a peu, son apparition dans la maison. Image d’un monde rural sortie d’un autre temps. « C’était des gens simples. Et discrets. Ils ne sortaient pas souvent. Sinon, je l’accompagnais lui, au supermarché où il faisait les courses, elle à Lyon pour ses rendez-vous chez le docteur. J’allais à la pharmacie pour eux », raconte une voisine, qui les aidait au quotidien et les connaissait depuis trente ans. « Ils ne demandaient jamais d’aide. Ils ne voulaient pas embêter le monde. »
Après avoir vécu une vie entière, côte à côte tous les deux, ils ont été inhumés ensemble et reposent à nouveau côte à côte dans le cimetière de la commune. « Nous n’en avons jamais parlé, mais au fond je crois que c’était ce qu’ils auraient aimé », confie la voisine.


http://www.leprogres.fr/fr/article/4440970/Pays-de-Tarare-frere-et-soeur-ont-vecu-ensemble-et-sont-morts-ensemble.html

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